En politique, minimiser, c’est mentir !

 

 

Préambule : Il est bien entendu que notre intérêt se porte sur la mise en relief des processus psychiques et sur la manière dont ils s’articulent au sein des rapports sociaux.
Si l’actualité nous a fourni ici un cas d’école, notre regard reste d’une neutralité absolu vis-à-vis des personnes et de leur engagement politique.

 

Un journaliste a interrogé Benoît Hamon pour connaître son sentiment sur un reportage récent(1) tourné à Sevran.

 

Ce reportage filmait en caméra cachée la situation de deux femmes qui se voyaient encouragées par les consommateurs à quitter un bar tabac PMU au prétexte qu’elles n’étaient pas à leur place puisqu’ici il n’y avait que des hommes et pas de mixité, sans que toutefois ces interlocuteurs ne disent jamais formellement que cet établissement était interdit aux femmes.

 

Un peu plus tard, alors que ces deux femmes, militantes féministes s’entretenaient à l’extérieur de la situation avec des journalistes, des habitants du quartier ont stoppé leur voiture à la hauteur du petit groupe et par des manœuvres d’intimidation ont conduit ces femmes et les journalistes à cesser leur entretien et à se disperser.

 

Pour tout commentaire, Benoît Hamon s’est contenté de faire un parallèle avec les bistrots ouvriers de jadis ou les messieurs se retrouvaient entre eux sans que jamais les femmes ne viennent y mettre les pieds(2), en soulignant qu’il n’y avait certainement pas lieu de stigmatiser certaines habitudes puisque, comme il venait de le démontrer au travers de cette référence aux vieux bistrots, ce genre de coutume était plus inhérent à la nature humaine qu’à la religion, et que finalement les ouvriers d’hier et les banlieusards du reportage étaient somme toute très semblables, quasiment faits de la même fibre, ce qui était très encourageant pour le vivre ensemble dans notre pays.

 

Il est important de préciser que Benoît Hamon s’est exprimé très sérieusement, sans rire ni sourire, et semblait vraiment croire à ce qu’il disait.

 

 

A ce stade, il est difficile de savoir si cette position relève d’une malhonnêteté intellectuelle assumée, d’un tempérament pusillanime ou d’un terrible aveuglement idéologique.

 

Si nous restons sur le fait qu’il a évacué tout le volet intimidation sans jamais commenter cet aspect du repportage, alors qu’il se situait pourtant dans la continuité directe de l’épisode du PMU, nous ferions, à priori, entrer directement Benoît Hamon dans la catégorie des grands malhonnêtes sans scrupule.

 

Pour autant, en arriver si directement à une telle conclusion serait un raccourcit simpliste qui nous ferait méconnaître l’immense pouvoir narcotique de la peur et de l’idéologie.

 

La peur induit le refoulement, et l’idéologie induit la distorsion du réel.

 

Le refoulé ne reste pas indéfiniment dans l’inconscient, il recherche un support sur lequel se projeter puisqu’il a vocation à exister dans le monde.

 

Or, cet espace subjectif que propose le réel distordu par l’idéologie est justement un refuge idéal qui permet au refoulé de venir s’installer.

 

Le refoulé et l’idéologie se marient parfaitement et leur liaison a des conséquences féériques !

 

En effet, un tel mariage nous permet de voir le monde tel qu’il nous plaît de le voir.

 

Tous les aspects qui nous dérangent en sont gommés, tous les thèmes auxquels on refuse de se confronter en sont évacués, et la combine peut marcher à grande échelle si on persuade suffisamment de gens que l’histoire qu’on leur raconte, celle d’un monde ou le loup n’existe pas, est une histoire vraie.

 

Nous comprenons, de par son commentaire, que Benoît Hamon a envie de voir les personnages du reportage comme une population un peu vieux jeu, mais plutôt bonhomme et sympa.

 

Et c’est bien entendu parce que la dimension bonhomme et sympathique ne colle pas avec les méthodes mafieuses d’intimidation sur la voie publique, et c’est parce que cet épisode contredit la belle histoire qu’il nous raconte, que Benoît Hamon fait comme s’il n’existait pas et ne le commente pas.

 

Maintenant, si nous entrons un peu plus dans l’analyse nous pouvons constater que même sans l’épisode de l’intimidation, le parallèle que nous proposait Benoît Hamon était bien fallacieux.

 

S’il s’agissait d’une simple habitude traditionnelle, elle serait reconnue et acceptée de bonne grâce par toutes et tous.

Le simple fait que tout le monde n’y trouve pas son compte, ici les femmes, et surtout que personne ne les écoute, sont les signes suffisants qui nous permettent de dire que cette habitude prospère à leur détriment.

 

De plus, même si l’histoire, depuis l’antiquité a produit de multiples exemples de ghettos, seuls deux types s’en dégagent.

 

La situation de Sevran, telle que présentée par le reportage nous montre l’émergence d’un troisième type assez inquiétant.

 

Le premier type de ghetto connu depuis l’antiquité est le ghetto protecteur derrière lequel une population donnée se barricade volontairement pour mieux se préserver d’un contexte qui lui est hostile.

 

Le deuxième type de ghetto identifié depuis longtemps est celui où se trouve reléguée contre son grès une population ostracisée qu’un gouvernement tyrannique veut contrôler à tout prix.

 

Ce que nous voyons à Sevran, c’est l’apparition d’un ghetto bulle de verre.

 

Sevran est une ville ouverte, desservie par les transports en commun ( RER, BUS, Tramway ) ainsi que par l’ensemble des administrations.

Personne ne s’y barricade pour s’y protéger d’un état criminel, personne n’y est relégué contre son grès par un état tyrannique.

 

Or, le reportage nous montre une ville qui fonctionne en huis clos selon des lois occultes qui ne sont plus celles du commun.

Cela signifie que la volonté de huis clos n’est pas un besoin, mais un moyen par lequel on substitue à la loi commune une loi privée.

 

Là où nous pouvons comprendre la panique mentale de Benoît Hamon et son puissant désir de refouler le réel, c’est lorsque nous mesurons toute l’étendue des territoires en état de huis clos et lorsque nous comptons toute la population qui revendique ou qui se plaint de la loi privée qui y règne sans que pour autant la rue et l’espace public ne soient ostensiblement livrés à des fondamentalistes omniprésents.

 

C’est l’étonnante efficacité de ce contrôle invisible et silencieux des esprits qui interpelle et inquiète.

 

Autant la mafia économique peut se combattre en s’appuyant sur la loi, autant l’état se trouve démuni pour combattre un système mafieux qui établit son emprise en faisant une OPA sur des valeurs psychiques.

 

Même si nous pouvons comprendre la réaction humaine de Benoît Hamon, il n’est pas le seul au monde à paniquer et à refouler, nous sommes obligés de faire remarquer que ce qui est demandé à un responsable politique, c’est justement de ne pas être irresponsable dans ces propos, d’autant plus que si les conséquences du phénomène sont immenses, le phénomène en lui-même est assez simple à comprendre.

 

Nous assistons en direct à la désagrégation d’une grande religion en multiples fragments sectaires qui ne servent plus la dynamique du vivant, à savoir de l’harmonieux, de la croissance et de l’élévation.

Ils s’en trouvent de fait rigidifiés et sont en guerre envers tout ce qui s’épanouis et s’émancipe.

 

Tout ce qui est pathologiquement figé ne tolère pas la dynamique de ce qui crois puisque par comparaison, l’épanouissement démontre au figé toute l’étendue et toute la gravité de sa pathologie.

Le figé pense qu’une fois que tout sera à l’identique et soumis à une loi unique, le bonheur pourra enfin exister, et il œuvre pour que ce paradis terrestre devienne réalité.

 

Dès lors que cette loi privée tyrannique ne pourrait plus se cacher derrière le mot religion, l’état retrouverait automatiquement toute son autorité et tout son pouvoir.

Il a en effet déjà légiféré sur les dérives sectaires, sur l’exhibition de signes d’appartenance aux sectes interdites, sur le prosélytisme et sur la ségrégation.

 

Il sait donc quoi faire face à ce phénomène…….Le seul problème étant d’être capable de l’identifier et de le nommer.

 

La politique aurait les moyens de résoudre les problèmes de la société dès lors que les politiciens sauraient se hisser à la hauteur des enjeux et accepteraient de voir les choses telles qu’elles sont.

 

Les commentaires de Benoît Hamon ne laissent pas augurer que ce soit encore le cas !

 

Gilbert Bonnefoy

 

Nota Bene : Les deux liens qui suivent sont les seules références que nous voulons produire, à l’exclusion de toute autre.

You Tube classe les vidéos selon une logique qui est la sienne.
Les vidéos qui peuvent être associées à celles que nous présentons ne dépendent pas de nous et n’illustrent pas notre propos. 

(1)https://www.youtube.com/watch?v=olpgwn5wvF0

 

(2) http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/femmes-indesirables-au-cafe-benoit-hamon-s-explique_1861787.html